Riche, belle, intelligente, insupportable. Les gens s’arrêtent généralement à cette image de moi, il faut dire que les rares qui connaissent mon histoire et bien … cela ne fait que les conforter dans leur idée. Je suis née il y a dix-neuf ans (enfin, vingt quoi.) à Dundee, en Écosse. Ma mère est la descendante de Viviane, Princesse-Fée, et donc au portefeuille bien rempli. Mon père quant à lui … et bien c’est le petit fils du « président Kang », un riche industriel coréen. Mon géniteur étudiait en écosse lorsqu’il rencontra ma mère, qui faisait des études en droit. Coup de cœur, coup d’autre chose, l’affaire était bouclée, six mois plus tard ils étaient fiancés, mariage en grandes pompes et bébé à la clé ! Le bébé bah … c’était moi. Dymphna Viviane Kang. Petite fille chérie de ses parents, les mauvaises langues n’auront pas tort en me traitant de garce pourrie gâtée, c’est vrai que je suis née une petite cuillère en argent dans la bouche. C’est comme ça que j’ai grandi, sans jamais avoir le moindre soucis, et très franchement, aujourd’hui je ne m’en porte pas plus mal. J’avais trois ans quand on a déménagé à Belfast dans une espèce de manoir, héritage de la famille. Très vite, j’ai compris quelle était ma place dans la société, que ce soit en allant aux gouters d’anniversaires des copines de classes, ou bien en remarquant le regard des autres mères sur moi. Vous savez, ces langues de vipères qui trouvent toujours à critiquer, et qui en réalité crèvent d’envie d’être à votre place. Mais ayant grandi comme ça, j’ai toujours eu l’habitude. J’ai toujours eu l’habitude de casser mes bijoux dans mon pull, après tout on affiche pas des bijoux de valeur à la vue de tous, surtout pas « le médaillon ». À peine étais-je née que ma mère me le passa autour du cou, et je n’aimais pas ça. Souvent, il m’arrivait de l’abandonner dans ma chambre et de gambader dans la forêt, c’était ce que j’étais, je ne voyais pas pourquoi je devais m’en cacher. C’est plus tard, en entendant les autres enfants parler que j’ai compris « T’es bête ou quoi ?! Les fées c’est que dans les histoires, ça existe pas ! » J’avais beau me défendre, que pouvais-je faire ? Leur prouver ? Mon instinct me dictait le contraire. Les humains sont idiots, il ne m’a pas fallu longtemps pour le comprendre. Certes, je les fréquentais parce que j’étais bien obligée, il fallait que j’entretienne ma côte de popularité ! La vie d’un « monstre », c’est ça après tout, je savais que je n’étais pas la seule dans le cas, et ça me suffisait.

L’adolescence, les cours et les garçons, période ô combien importante dans la vie d’une femme. C’est là que l’on m’a officiellement collée l’étique « pétasse » sur le dos, merci ça fait toujours plaisir. Mais le regard des autres m’importaient peu. Je méprisais les humains, autant que je les méprise aujourd’hui. Des êtres cupides, dénués de bon sens, pourquoi voudriez-vous que je perde mon temps avec eux ? Ça ne m’intéressait pas. À vrai dire, j’avais d’autres intérêts, comme l’équitation, le sport, l’écologie - vous m’excuserez, je n’apprécie pas que l’on détruise mon milieu de vie ! -, la mode et la musique. Rien de bien extraordinaire pour une jeune fille, sauf que mes centres d’intérêt je les gardais pour moi. J’arrivais toujours à décliner les virées entre copines, je n’y allais qu’à condition qu’il y a du gibier à chasser - comprenez des garçons à séduire - et encore, c’était généralement d’un tel ennui ! Alors je me consacrais à des projets divers « manifestation contre la déforestation », « concours de chant de Belfast », « Défilé de mode forestière », « Marathon d’Irlande », en solitaire la plupart du temps, ou avec ma mère, ou mes tantes, bref, d’autres fées. C’est d’ailleurs l’une d’elles qui me donna ce prospectus avec écrit « Alrich » dessus. Elle voulait aller là-bas, loin de ces imbéciles d’humains, et je l’ai suivi. Petite déception de prime abord, mais m’étant inscrite à l’université, il est difficile de faire demi-tour … Puis qui sait ? Peut-être pourrais-je faire des rencontres intéressantes !